l’assertivité, c’est comme le leadership : en a-t-on jamais assez ?

2ème partie et fin –

Nous avons vu que l’assertivité, dans le jeu de la communication, réside dans la capacité à prendre en compte, tout autant ses besoins que les besoins de son interlocuteur. Et la balance peut basculer d’un côté comme de l’autre.

ALORS COMMENT FAIRE POUR RÉÉQUILIBRER LES CHOSES ?

Il n’y a pas de recette miracle mais un démêlage conscient, petit à petit, entre ce qui m’appartient, ce qui appartient à l’autre et ce qui se tricote dans la relation.

Démêler ce qui m’appartient : mieux se connaître soi-même

Nous avons tous nos histoires qui sont venues nourrir, déclencher ou activer nos peurs, nos doutes, nos préjugés.

Je m’appuierai ici sur les 3 champs qui selon Will Schutz structurent nos échanges.  À ces 3 champs correspondent 3 grandes peurs interpersonnelles, qui se déclenchent possiblement dans la relation.
Certains contextes et certaines personnes les activent plus ou moins chez nous d’ailleurs… et nous les activons chez les autres également.

  1. La peur d’être ignoré, de passer inaperçu, de ne pas être considéré comme quelqu’un d’important.
  2. Leur peur d’être humilié et ne pas être à la hauteur, de ne pas être considéré comme quelqu’un de capable et compétent.
  3. Et enfin la peur d’être rejeté alors qu’il existait une relation.

Nous sommes bien évidemment tous sujets à ces peurs, avec plus ou moins d’intensité, plus ou moins de conscience. Notre vulnérabilité d’être humain social nous rend particulièrement sensible à ces peurs.

Ce que nos mécanismes de défense disent de nos peurs

Alors se connaître soi-même, c’est déjà identifier celles qui pourraient nous concerner le plus. Et pour cela, n’allons pas directement voir la peur, mais regardons les mécanismes de défense que nous mettons en place avec persévérance voire obstination pour ne pas vivre ces situations. 
Nous avons chacun notre stratégie, notre costume de survie qui prend ses sources dans nos histoires de tout petit.

  1. Qui a peur d’être ignoré va développer un sens de l’humour imparable, faire preuve d’excentricité. Ou parler fort pour se faire entendre ou au contraire, faire le passe muraille car « pas vu pas pris », même pas peur.
  2. Qui a peur d’être humilité ou de ne pas être à la hauteur va partir dans des explications argumentées sans fin, intellectualiser, relire et peaufiner ses slides à n’en plus finir, ou hausser le ton pour affirmer son point de vue et ne pas risquer d’être contredit. Ou à l’inverser, devenir confus.
  3. Qui a peur d’être rejeté va éviter de se révéler à l’autre, de partager son point de vue, ses idées…ou peut-être devenir trop gentil.

Quand je prends conscience de mes comportements réactifs et de mes costumes de survie alors je peux délicatement les démêler, progressivement, pour en conscience, trouver d’autres façons de faire.

Je partage avec vous que ces peurs sont tout à fait puissantes et que nul ne peut les balayer d’un revers de main. Les récentes découvertes en neurosciences montrent que ce sont les mêmes voies neuronales qui sont activées quand nous vivons un rejet ou quand nous éprouvons une douleur physique. (Judith E. Glaser)

Chacun de ces comportements réactifs est donc un indice qui fait pencher la balance plutôt du côté « j’oublie mes besoins » ou plutôt du côté « mes besoins d’abord ».

La posture de l’anthropologue curieux

Tout ce travail de démêlage est bien délicat pour éviter que la pelote ne fasse un gros nœud.
Et le meilleur allié ici est ce que j’appelle la posture de l’anthropologue curieux. 
L’anthropologue porte un regard curieux, sans juger, patient, prend note, et peu à peu se fait une idée. Il relègue ses croyances, ses convictions, ses certitudes aux secondes loges pour se donner une chance d’être étonné.

Ralentir

Il s’agit ici de Ralentir. Ralentir dans sa réactivité. Ralentir dans l’interaction. Ralentir pour aller écouter ce qui d’habitude nous effleure à peine. Laisser arriver à notre conscience ce qui d’habitude reste dans le subconscient.
Ralentir pour se connecter à soi, rester en contact avec soi, faire ces petits allers et retours entre « mes besoins », « les besoins que je perçois de l’autre », « ce qui se passe me convient », « ne me convient pas », « tiens y’a un truc qui commence à me titiller, si je l’écoutais, ça dirait quoi… ».
C’est cela ralentir.
On peut le faire en silence, de soi à soi.
On peut aussi, et pour le plus grand profit de la relation, le formuler et le signifier à l’autre à partir de nos sensations.
Ralentir, c’est aussi oser dire qu’on a besoin de réfléchir et de donner sa réponse plus tard quand on sent que l’on est en train de laisser ses besoins, sentiments et idées de côté.

S’entraîner à rester en contact avec soi

Ces histoires de peur viennent activer notre cerveau limbique, l’amygdale et déclencher tout un entrelacs de réactions chimiques, hormonales, physiques, …
Et quand cela advient, notre cerveau préfrontal perd du terrain. Il commence à se focaliser, à se rigidifier, à perdre en compétences cognitives. Ce qui a pour effet de débrancher notre anthropologue curieux.
Le meilleur antidote à cela : redonner la main au préfrontal en se centrant sur sa respiration. 
La respiration n’est-elle pas du domaine du cerveau reptilien, la plupart du temps inconsciente et dédiée à nous garder en vie ?  Et en même temps, quand elle devient consciente, elle appelle le réinvestissement du préfontal. C’est tellement simple et ça marche.

Cette respiration consciente me permet de re-prendre contact avec moi : mes sensations, mes pensées, mes émotions…pour ralentir et sortir des automatismes.

S’entraîner à rester en contact avec l’autre

L’espace de l’accompagnement, du coaching du lien, de la thérapie individuelle ou collective est un formidable laboratoire pour tester cela.

En coaching, quand la balance de mes clients penche vers « je m’oublie », je veille à ce qu’ils attrapent l’opportunité de formuler leurs besoins. Je les y invite avec moi dès qu’ils pourraient s’oublier. Je travaille à leur écoute.
Je les amène à ralentir.

Ou, quand ils sont très centrés sur eux, qu’ils pourraient passer outre les besoins de l’autre, je peux les amener à formuler des hypothèses sur ce qui se passe en moi, sur comment je vis le moment avec eux. Et régulièrement proposer des pauses d’ajustement.

Vous l’aurez compris :  l’assertivité est une danse relationnelle, avec soi et avec l’autre. Avec certains nous serons un meilleur danseur qu’avec d’autres. Par ce travail fin et délicat, nous gagnerons plus de confort dans la plupart des relations et notre estime de nous en sortira renforcée.

comment faire d' »assertivité » votre meilleure amie ?

À la fin du précédent article, vous avez bien cerné « assertivité », la vôtre, ce qui la caractérise.  Maintenant,

  • Que souhaitez-vous faire pour qu’«assertivité » vous permette d’accomplir ce qui est important pour vous ?
  • Qui serait votre meilleur allié dans cette aventure ? Votre aiguilleur ? Votre aiguillon ? Votre ami coach ?
  • Qu’est-ce que votre relation apaisée avec assertivité vous permettra de réaliser qui est si précieux pour vous ?
  • Quel est le premier petit pas que vous pouvez faire dès tout à l’heure ?