La situation de la pandémie, les propos et polémiques à son sujet mais aussi les impacts présents et anticipés sur l’activité, la société et l’économie nous amènent à vivre un stress durable et insistant. Soutenable pour certains, difficiles à vivre pour d’autres.
Tout notre métabolisme est impacté car le stress induit un état d’hyper vigilance, prépare notre organisme à réagir vite. Nos constantes s’élèvent : rythme cardiaque, débit sanguin, tonus musculaire. Nos capacités cognitives se focalisent sur l’essentiel, réduisant notre champs visuel et cognitif pour ne plus s’embarrasser du superflu… et répondre à ce qui est perçu comme un danger immédiat.
La soupe aux émotions bouillonne en nous, à petit feu ou gros bouillons ! Inquiétude, colère, peur, coup de blues, tristesse, exaspération, espoir voire joie s’invitent en boucle. Ce sont les signaux sur notre tableau de bord personnel que des besoins s’agitent au plus profond de nous. Besoin d’être rassuré, besoin d’être écouté, besoin d’être respecté, besoin de libérer l’énergie, besoin d’être réconforté, besoin de liberté…
Certains clients nous ont confié être excédés par les comportements incompréhensibles de certains collaborateurs, sentant que la situation leur échappe. A distance, nous percevons si peu des réactions de nos interlocuteurs. Et pour peu qu’aucun espace d’accueil et d’écoute ne soit créé, comment s’ouvrir à la réalité de l’autre ?
Certains clients nous ont confié leur détresse fasse à la fatigue qui les envahit, face à la dure pente à remonter après avoir été malade. Ce sont au minimum 3 semaines de grosse fatigue, extrême. L’appétit est perdu, l’appétit au travail aussi. Le système immunitaire s’est emballé et il faut lui laisser le temps de se calmer. Retrouver de l’oxygène.
Certains clients ont partagé avec nous leur désarroi face à un dirigeant qui semble à l’arrêt, sidéré, absent. Et pourtant, il y a des décisions à prendre ! Alors, comment faire entendre sa voix, la porter sans se mettre en danger ?
Comment gérer la vague émotionnelle et trouver les mots si besoin ?
Comment développer dans ces conditions son empathie pour comprendre ce que peut vivre l’autre ?
Et comment gérer les émotions ? Comment, sous le coup de ces montagnes émotionnelles, dire les choses ? Car la vague émotionnelle est bien mauvaise conseillère dans ces moments.
Tout d’abord, il s’agit d’accompagner et traverser la vague émotionnelle à titre personnel, en lien avec soi. Les émotions touchent à la fois au corps, à la respiration, au mental qui peuvent être aussi les 3 portes d’entrée pour les réguler. Ensuite, garder le lien à l’autre si précieux pour sortir du sentiment d’impasse créé par les émotions.
Bouger le corps, le garder en forme car notre corps est notre premier lieu de sécurité. Quand le corps est fragilisé, nous nous sentons tellement vulnérables ! Quand le corps fonctionne, non seulement il nous met en confiance mais il assimile mieux toutes ces hormones du stress qui baignent en ce moment nos tissus. Alors, il est urgent de prendre soin de soi d’abord, d’accepter la pause qui s’impose en cas de grande fatigue.
Respirer : expirer longuement, créer l’espace pour accueillir pleinement un nouveau souffle. La respiration est une des rares fonctions du corps qui se fait la plupart de temps inconsciemment et que l’on peut consciemment activer. Quand l’émotion nous submerge, le néocortex préfrontal se débranche en partie. Remettre la conscience sur la respiration, c’est solliciter ce néocortex et donc le rebrancher pour retrouver ensuite de nouvelles capacités cognitives et donc créatives.
Respirer, c’est favoriser les échanges gazeux pour renouveler la vie qui circule en nous. 12 longues respirations, qui mobilisent le corps, peuvent venir à bout de maux de tête, tensions musculaires à condition d’attendre 15 à 20 minutes.
Calmer le mental c’est sûrement le plus difficile à faire en ce moment : la méditation est une voie mais elle est exigeante. D’autres formes de méditations actives peuvent canaliser le mental : faire un puzzle, dessiner, lire, écouter de la musique, marcher, … Il s’agit d’absorber son attention et donc son mental à quelque chose pour le détourner du problème. Enfin, parler à une personne de confiance, qui va nous écouter, nous rassurer sur le fait que ce que nous vivons est probablement partagé, nous permettre de regarder les choses sous différents angles, est source d’apaisement du mental.
Quand la vague émotionnelle est passée, comment réguler avec l’autre en posant des mots justes ?
Pour trouver les mots justes, il est nécessaire d’opérer un double mouvement : s’ouvrir à soi d’abord et ensuite s’ouvrir à son empathie, à ce que vit l’autre, à son monde.
S’ouvrir à soi c’est se connecter à ses besoins, jusqu’à ce qui est non négociable pour soi peut-être.
C’est aussi être à l’écoute de ses limites, qu’elles soient émotionnelles, physiques ou même en termes d’énergie disponible.
Puis s’ouvrir à l’autre, c’est trouver les mots justes pour ne pas basculer dans le jugement, le « tu qui tue », qui tue l’autre et la relation. Prendre du recul, élargir son regard, s’ouvrir à la réalité de l’autre.
Il peut s’agir aussi de partager simplement sa vulnérabilité du moment, son passage à vide, sans se laisser emporter par le désespoir, en restant en contact avec la confiance que nous avons les ressources pour traverser.
C’est dans ce mouvement d’ouverture à soi, d’ouverture de soi à l’autre et d’ouverture à l’autre que les émotions se régulent et transforment les relations positivement.
Conclusion
Nous sommes tous vulnérables et agités par cette période de confinement. Sans nous prévaloir de ce qui sera pertinent pour chacun, il est important d’ouvrir des espaces d’écoute et d’accueil inconditionnel. Dans cet espace sécurisant, chacun peut prendre le temps de la connexion à soi, pour nommer ses inconforts, ses questionnements, ses doutes, ses vulnérabilités, se connecter à ses ressources, ses forces aussi et ainsi faire émerger les solutions ajustées et singulières.
Ainsi, dans cet espace, avec des outils du distanciel, nous créons de la proximité pour permettre à chacun de retrouver et revisiter sa maison intérieure : habiter chaque pièce, remettre de la lumière dans certaines, mieux en isoler d’autres, en réaménager d’autre…pour que dans un espace et un temps révisité, chacun finalement sache mieux où il habite !