Il y a ici tout le paradoxe de cette période de confinement qui nous fait expérimenter des extrêmes : débordement et ennui, sur-sollicitation émotionnelle et environnement minimaliste, besoin de solitude et sentiment d’isolement.

J’aimerais dans cet article être la caisse de résonance, le témoin de ce que nos clients partagent avec nous et de ce que nous expérimentons avec eux pour gérer au mieux le confinement.

Cette période si singulière vient nous toucher au cœur, au corps et psychiquement. Chacun fait au mieux dans son univers de confinement tout en gérant son activité professionnelle 100% à distance.

Quels écueils, quels apprentissages et comment mieux le vivre ?

Nous vous proposons 2 épisodes : le premier traite ici « des limites et des frontières » quand le second, évoquera la « soupe aux émotions ».

EPISODE 1 : « au secours, où sont les limites et les frontières ? »

Nous n’allons plus au travail mais le travail s’invite chez nous, dans notre chambre, notre salon, dans notre vie privée.

Toutes les frontières physiques habituelles sont abolies : plus besoin de se déplacer, plus de rencontres réelles, plus de barrière vie professionnelle/ vie personnelle. Tout se vit en un même lieu physique avec peu d’échappatoires.

Qu’en est-il des limites et des frontières ?

Nous entendons que certains dirigeants, probablement inquiets pour leur activité et on le comprend, s’emballent et sur-sollicitent leurs collaborateurs qui ne s’autorisent pas à dire STOP ! Réunion dès 8h, jusqu’à 21h, email à toutes heure, plus de pause le WE. Comme si la singularité et l’anormalité de la période l’autorisaient.

Nous entendons que certains collaborateurs et managers intermédiaires, dont la vie personnelle implique de faire la classe, gérer la maisonnée, voire gérer le couple, se culpabilisent de ne pas être disponibles autant qu’ils le voudraient.

 Alors, la nuit venue, le matin très tôt, la journée commence et ils ont l’impression de ne jamais s’arrêter. Tous les jours se succèdent avec cette même intensité. Et ils s’inquiètent d’être jugés sur leur manque de disponibilité pour leur employeur, leur équipe alors qu’eux vivent du débordement.

Les invitations Zoom, Skype ou Teams pleuvent dans les agendas, avec des liens virtuels, s’annulent, se décalent. Plus le temps de respirer, au sens propre et figuré, plus le temps de faire une pause, de se dégourdir les jambes, … Les corps s’ankylosent, les âmes s’ecchymosent. Chaque journée est gérée à l’heure. 4 semaines déjà. Ça ira mieux la semaine prochaine se dit-on ! Pourtant il reste 4 semaines de confinement jusqu’au 11 mai.

Enfin, plusieurs ont partagé les difficultés qui ne manquent pas de se cristalliser dans le couple et combien, sans la frontière physique, sans l’espace physique, cela retentit et envahit tout leur temps et tout leur espace intérieur. Comment être alors pleinement présent en ligne pour la réunion quand à quelques mètres de là,…

Le manque d’espace, le manque d’interactions physiques et variées avec d’autres nous donnent cette curieuse impression de ruminer davantage, de manquer de cordes de rappel quand les choses s’emballent.

Comment définir des limites et des frontières ajustées pour soi et avec les autres ?

Alors que faire ? Comment remettre à l’intérieur de soi des frontières, des limites saines ? Comment structurer son temps pour retrouver de l’espace en soi ? Comment poser des limites protectrices vis à vis de l’extérieur sans se fermer ?

Tout d’abord, organiser sa journée avec des rituels forts : heure de lever, heure de coucher. Par exemple, on peut dédier ses matinées à certaines activités, fixer son heure de marche pour atteindre les 10 000 pas quotidiens, planifier les jours de courses et surtout, garder des pauses pour les repas. 

En effet, de tels rituels amènent des repères, de la stabilité et de la sécurité dans des journées si chahutées par l’inconnu et les incertitudes de la crise. Pour ceux qui vivent en famille, il est possible de co-construire ensemble un programme de vie, s’accorder sur les contributions de chacun, écouter les contraintes de chacun. Ici le Test&Learn est de rigueur et le plus important : ne pas lâcher. Réessayer. Créer des espaces de régulations, de ré-accordage pour se trouver ensemble.

Enfin, quand votre espace de vie le permet, s’organiser en dissociant l’espace de travail professionnel de l’espace de vie personnel. L’enjeu ici est de rester aux commandes de ces rituels sans que les commandes soient prises par les outils digitaux. Revenir dans du temps choisi et non subi. Tenir la barre et la voile de sa barque sans se laisser trop embarquer par les vents et les vagues.

A chacun sa solution, en fonction de son contexte et de sa personnalité mais une chose est sûre, cela nécessite de se poser pour être pensé et mis en œuvre.

Et ceci quand les émotions ne viennent pas trop nous chahuter…

épisode 2 : « au secours, c’est la soupe aux émotions ! »