Une métaphore puissante et aidante pour parler de l’espace de la relation, de l’assertivité et du leadership.

 

Nous sommes des animaux partiellement doués de raison…
et nous cherchons tous le bonheur.

Et comme de nombreuses études le montrent (voir l’exceptionnelle étude « What makes a good life? Lessons from the longest study on happiness » présentée par Robert Waldinger), le bonheur s’ancre dans la qualité des relations que nous tissons.

Celles-ci sont bien souvent entravées par des réactions quasi-automatiques qui nous dépassent : j’ai coutume de les appeler « nos mécanismes de défense préférés« . Et comme si ce n’était pas assez compliqué de nous gérer, nos mécanismes de défense viennent titiller ceux de notre interlocuteur… qu’il va donc falloir gérer aussi.

J’ai choisi de filer la métaphore de l’éléphant et du cornac pour décrire ce qui se passe dans la relation et proposer des perspectives constructives à portée de chacun !

J’ai découvert le livre de Jonathan Haidt à Noël, L’hypothèse du bonheur ! Un livre riche, nourri par les dernières découvertes scientifiques en psychologie positive et puisant sa réflexion dans les philosophies anciennes également.

Ainsi, il reprend la métaphore de Bouddha qui comparait l’esprit humain à un cornac montant un éléphant sauvage.

Plusieurs courants de la psychologie et des sciences humaines évoquent la diversité des champs qui nous composent : l’Analyse Transactionnelle décrit les états du moi, le « Dialogue Intérieur » ou « l’Intelligence de soi » donnent la parole aux différentes personnalités intérieures qui nous animent, Freud découvre le ça, le moi et le surmoi, le conscient et l’inconscient, nous avons un cerveau droit, un cerveau gauche, un cerveau reptilien, un limbique et un néocortex… Ici j’ai choisi la métaphore de l’éléphant et du cornac pour parler de cette dualité qui nous anime chacun.

L’éléphant, il pèse plus de 5 000 kg. Fort, la peau épaisse, puissant, il est tout aussi touchant. Il représente notre partie inconsciente, que ce soient nos pensées, nos émotions, nos ressentis. Ce sont nos réactions et comportements automatiques, nos pensées automatiques, nos croyances, nos modes de fonctionnement préférentiels. Tout ceci nous structure, s’ancre non seulement dans notre histoire personnelle et a aussi été forgé par les générations qui nous ont précédées. Notre éléphant, c’est toute à la fois notre personnalité profonde, nos traits de caractère mais aussi la source de nos talents souvent inconnus de nous.

Le cornac, quant à lui, est plutôt frêle, doué de raison, rationnel, planificateur, organisateur. Il analyse, peut donner la vision, le sens et peut s’inscrire dans le futur. C’est l’esprit juché sur le dos de l’éléphant. A noter qu’il est  beaucoup plus récent dans la grande histoire de l’évolution de l’homme. Découvrez la vidéo en fin de texte.

ÉLÉPHANT ET CORNAC NE POURSUIVENT PAS LE MÊME BUT…

L’éléphant juge, rapidement et efficacement : « j’aime », « j’aime pas ». Et oui, sa raison d’être initiale, c’est la survie.

Quant au cornac, sa raison d’être, c’est le bonheur. Depuis le 18ème siècle, le siècle des Lumières, il y croit et on lui a donné la parole jusqu’à parler maintenant du « Bonheur au travail ».

La survie et la recherche du bonheur n’amènent non seulement pas la même interprétation des évènements mais surtout des réactions et des comportements rarement congruents !
Le problème, c’est que le cornac ne peut pas lutter contre l’éléphant. C’est perdu d’avance. Aussi, la voie consiste à  composer avec son pachyderme, le comprendre d’abord, l’apaiser, faire avec lui, l’apprivoiser, lui donner une direction, du sens pour atteindre une forme de fluidité voire de complicité.

Quand notre éléphant prend le dessus, ça peut être pour le meilleur mais trop souvent pour le pire. Nous sentons que « c’est plus fort que nous ! », « c’est comme ça et je ne peux rien y faire ». Les bonnes résolutions prises en début d’année, pourtant si simples à formuler, nous les tenons 1 semaine, 2 semaines et après ? Nous ne « gérons » pas nos émotions ou plutôt, nous ne gérons pas les comportements de l’éléphant aux prises avec ses émotions. Nous constatons que nous nous retrouvons pris dans les mêmes scénarii.

Quand l’éléphant contrôle nos vies et mène la danse, nous pouvons éprouver de la culpabilité ou de la honte suite à des attitudes ou réactions viscérales. Nos valeurs fondatrices peuvent devenir des sources de rigidité voire d’intégrisme. Nous ne donnons pas toujours le meilleur de nous-même.

 

QUAND UN COUPLE CORNAC/ÉLÉPHANT RENCONTRE UN AUTRE COUPLE CORNAC/ÉLÉPHANT

Alors, imaginez ce qui se passe quand un cornac malmené par son éléphant rencontre un autre cornac dépassé par son éléphant ! Tensions ! Étincelles ! Explosions ! Implosion !
Avez-vous remarqué comme nos cornacs sont très lucides pour détecter les fonctionnements des éléphants des autres ? Nous repérons souvent avec perspicacité les mécanismes de défense préférés des uns et des autres, là où ils partent en vrille. Parfois nos cornacs s’adressent avec malice directement à l’éléphant de notre interlocuteur et sait bien le « faire marcher ». Mais le plus souvent, ce sont nos éléphants qui se rencontrent, avant même que les cornacs en aient conscience.
En effet, le cornac est sensible aux mots mais l’éléphant capte immédiatement le langage du corps, les émotions, le paraverbal (le ton de la voix par exemple). Quand les mots, le corps et la voix sont congruents et disent la même chose, le cornac et l’éléphant d’en face sont rassurés. En revanche, dès qu’il y a dissonance, ça se complique.

PONT AVEC NOTRE QUOTIDIEN

Avez-vous repéré ces moments où vous prenez conscience tout à coup que vous vous sentez irrité(e), agacé(e), voire plus. Ou au contraire, que tout a été fluide, facile, agréable ? Prenez le temps d’observer comment votre éléphant et votre cornac se sont alors accordés ou désaccordés ?

PONT PROFESSIONNEL

En réunion, vous présentez un sujet qui vous tient à cœur. Un des participants, pour des raisons que seul son éléphant connait, prend un ton un peu agressif ! Votre éléphant immédiatement réagit et embarque votre cornac. Le cœur s’accélère, rougeurs des joues, mains moites, le cerveau qui ralentit, les pensées qui se mêlent, manque de clarté… vous sentez que vous perdez vos moyens et pourtant,.. que faire ? Et si vous imaginiez que votre interlocuteur est aussi aux prises avec son éléphant, alors votre cornac pourra esquisser un sourire intérieur et garder le contrôle de votre éléphant afin d’adopter le comportement le plus adapté à la situation.

ET POUR LA SUITE…

Aussi, je vous propose dans les textes à venir de découvrir ce qui se joue.
Comment le cornac et l’éléphant peuvent s’accorder déjà entre eux ?
Comment le cornac avec son éléphant peuvent rencontrer un autre cornac/éléphant pour construire des relations constructives et créatrices de valeur ?
Nous parlerons de comportements, d’assertivité, de leadership, d’estime de soi, de confiance en soi, de relations, de « mécanismes de défense préférés », de conscience de soi et … d’éléphant et de cornac.
Les commentaires et remarques de vos cornacs, (et de vos éléphants) sont toujours les bienvenus.